La monnaie dette¶
Qui crée la monnaie ?¶
Vous êtes vous déjà posé la question ? Peu probable… Et pourtant c’est une question fondamentale pour comprendre le système de société dans lequel nous vivons.
Et bien pour l’euro et pour toutes les monnaies officiels des pays, c’est la même source de création : les crédits bancaires.
Cela veut dire que la monnaie qui circule, étant issue d’un crédit, est une dette à rembourser ! Et avec des intérêts en plus ! C’est pourquoi on la nomme « monnaie dette ».
Chiffres officiels de la Banque Centrale Européenne¶
Masse monétaire totale (M3) en millions d’euros
Montant des billets et pièces en circulation en milliers d’euros
La monnaie fiduciaire¶
Le monnaie fiduciaire, qui signifie à l’origine « confiance » (fiducia en latin), désigne les pièces et les billets. Ils sont créés sur ordre de la Banque Centrale Européenne par les banques centrales nationales.
Le montant total des billets et pièces en circulation ne représente qu’une petite partie de la masse monétaire totale. Environ 10% en décembre 2018.
Cela ne représente pas grand chose et d’ailleurs les banques veulent la suprimer. En cause, des coûts supplémentaires pour sa fabrication, son transport, sa destruction, et surtout, son manque de traçabilité. Une fois dans la nature, il est très difficile pour les banques de savoir ce que vous faîtes avec. C’est leur monnaie, elle ne vous appartient pas, alors elles ont le droit de savoir, non ?
La monnaie scripturale¶
Les banques stockent sur leurs ordinateurs la monnaie « scripturale » (entendre par là « écrite » dans un registre de compte).
Avant de pouvoir être échangée, la monnaie doit être créée. Et c’est aux seules banques commerciales privées que les états ont confié ce privilège. Les banques ne sont donc pas des entreprises comme les autres. Elle se nomment elles-même « agents bancaires », et toutes les autres entités qui manipulent de la monnaie sont des « agents non bancaires ». La loi stipule que seuls les « agents bancaires » ont le droit de créer de la monnaie. Demandez à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Les banques créent donc la monnaie de trois façons :
Par les crédits bancaires (aux états, aux entreprises, aux particuliers).
Pour l’achat de devises étrangères.
Pour permettre un découvert (les intérêts de ces crédits se nomment alors des agios).
Pour l’achat d’actifs (tant qu’à faire, voir le Bulletin Trimestriel Q1 de 2014 de la Banque d’Angleterre (format PDF))
Ainsi, la monnaie est la dette, et la dette est la monnaie. Si on écoute les politiques et certains économistes, il faut réduire la dette pour relancer l’économie (austérité). Mais ce discours est étrange, car réduire la dette (rembourser les crédits), c’est réduire la masse monétaire (quantité totale de monnaie dans l’économie), causant fermetures d’entreprises, chômage, pauvreté.
Effectivement, lorsqu’on rembourse un crédit, le « principal », c’est à dire le montant du crédit est détruit par la banque. En fait, la banque éteint la dette par une ligne comptable qui soustrait le remboursement à ce qui était dû, ramenant la dette à zéro. Ainsi, lors de la crise de 2008, regardez sur le graphique de la masse monétaire totale comment l’arrêt des crédits bancaires a stoppé la création monétaire. Et l’urgence de « renflouer » les banques en faillite s’explique par le fait que la masse monétaire allait baisser inexorablement par le remboursement constant des crédits en cours !
D’autres politiques ou économistes sont pour faciliter les crédits (baisser les taux d’intérêts) pour relancer l’économie (créer plus de monnaie). Mais faire cela c’est augmenter la dette, qui sera alors pointée du doigt.
On marche sur la dette !
La servitude par l’intérêt manquant¶
Lorsque les banques créent de la monnaie, elles le font principalement par des crédits à intérêts. Le problème de cette forme de création monétaire est que les intérêts réclamés par ces dettes ne sont pas créés !
De fait, à chaque crédit accordé par une banque :
L’emprunteur ne peut pas (à première vue) rembourser les intérêts, ceux-ci n’ayant pas été créés, il n’existe pas dans la masse monétaire.
La banque est techniquement en faillite, car on lui doit de la monnaie qui n’existe pas.
Toute l’économie est techniquement en faillite, et c’est le jeu des chaises musicales, car les emprunteurs vont se servir dans la monnaie destinée au remboursement du principal d’autres emprunteurs qui eux ne pourront rembourser ni les intérêts, ni le principal.
En fait, l’intérêt manquant peut être remboursé de deux manières :
Si l’emprunteur rembourse les intérêts annuels et que la banque achète avec cette somme des biens ou services à l’emprunteur. On a alors une servitude par l’intérêt manquant, cette opération permettant à la banque de s’accaparer les ressources de l’emprunteur aussi longtemps que le principal du crédit ne sera pas remboursé. Sur votre échéancier, pourquoi croyez vous que vous remboursez d’abord les intérêts ?
Un second emprunteur contracte un crédit auprès d’une banque, et le premier emprunteur utilise cette monnaie pour rembourser son crédit. On a là une formidable chaîne de ponzi qui se met en place, les emprunteurs devenant prédateurs les uns envers les autres dans une compétition pour la monnaie.
La création monétaire par les crédits crée une servitude par l’intérêt manquant ainsi qu’une superbe chaîne de Ponzi où la « croissance », c’est à dire l’émission de nouveaux crédits est indispensable au remboursement des crédits précédents.
Techniquement, la croissance n’existe pas, il n’y a à tout moment dans l’économie que du déficit, donc une faillite, qui normalement, au Monopoly, sonnerait l’arrêt du jeu.
Masse monétaire (milliards) |
Taux d’intérêts |
Durée (années) |
Intérêt manquant (milliards) |
Déficit |
---|---|---|---|---|
12 373,174 |
5% |
20 |
7 483,935 |
60,49% |
12 373,174 |
1,5% |
20 |
2 040,518 |
16,49% |
Déficit par création monétaire (masse monétaire de décembre 2018)
Une petite simulation nous donne l’estimation du montant du déficit par création monétaire pour la totalité de l’économie. Si on se base sur des crédits à 5% sur 20 ans, on atteint la somme de 7 400 Milliards, soit un pourcentage de déficit de 60,49% !
Sur ce graphique, il faut bien comprendre que, déficit ou pas, les banques réclameront toujours leurs intérêts, qui seront leur bénéfices ! Principales initiatrices et bénéficiaires de cette chaîne de Ponzi, aidées par les états, la justice et les forces de l’ordre en dernier recours, elle récupéreront toujours la monnaie qui est la leur et qu’elles nous louent.
Nous pouvons produire toujours plus, détruire les ressources de la planète jusqu’à épuisement, au rythme lancinant des appels à travailler plus pour maintenir une « croissance » qui n’est qu’une chaîne de Ponzi, jamais ce déficit ne pourra être comblé puisque ce n’est pas dans l’intérêt des banques.
Maintenant que j’ai levé ce lièvre, utiliserez-vous une autre monnaie ou bien continuerez-vous à essayé d’être compétitif (chacun pour soi) et à courir après une illusoire « croissance » au profit des banques ?
Comprendre¶
Ma démo minute est simple et participative.
« L’île des naufragés », le conte de Louis Even, est très agréable à lire et explique clairement le piège que représente cette forme de création monétaire dans une société.
Allocation universelle : une explication critique en détails.